samedi 22 décembre 2012

Lettre à Jean-Louis Borloo



Monsieur Jean-Louis Borloo
Président de l’UDI
Assemblée Nationale


Paris, le 17 décembre 2012

Monsieur le Président,

L’Union Européenne a enrichi les droits et les devoirs de ses citoyens et citoyennes en instaurant le droit de vote pour tous les résidents communautaires aux élections locales des mairies. Cette extension n’a été possible qu’en instaurant pour tous les pays européens concernés la réciprocité.

Demeure, pour plusieurs pays, l’injustice pour les habitants non communautaires mais répondant aux mêmes critères d’intégration dans la vie locale. Leur accorder un droit de vote identique réduirait cette inégalité structurelle.

Néanmoins, une partie importante de l’opinion est opposée à cette extension du droit à des habitants qui assument les mêmes contraintes que les citoyens et les citoyennes d’origine communautaire. Potentiellement, une telle différenciation renforce le racisme anti-musulman et anti-noir puisque la majorité des pays exclus sont méditerranéens, maghrébins et africains.

Face à une opinion bloquée par ce qu’elle ressent, le rôle des politiques est de faire évoluer celle-ci. La peine de mort a été abolie grâce au courage des députés qui ont osé faire face à une opinion dont les sondages exprimaient une opposition de plus de 60 %.

Jacques Chirac a voté l’abolition de la peine de mort contre la majorité de son camp. Peut-on espérer que 40 députés du centre droit aient l’opportunité de s’associer à l’actuelle majorité parlementaire pour régler une fois pour toutes ce problème en tenant compte que l’ouverture de ce droit nouveau implique un nouveau devoir : dans un pays où l’abstention traduit le désespoir de nombre de ses électeurs et électrices, l’appoint de forces vives serait positif.

A défaut de cet engagement, la proposition à l’ONU de la France et, éventuellement, de l’Union européenne d’ajouter à la déclaration des droits et des devoirs des êtres humains ce nouveau droit et ce nouveau devoir de participer aux élections des conseils municipaux répondraient à ce besoin de réduire les inégalités. Que l’on pense aux enfants nés en France, qui acquerront probablement la nationalité française à 18 ans et qui verront leurs parents sans aucun droit démocratique en France.

On pourrait même imaginer que le parlement français accorde ce droit de vote et de participation à la vie locale à tout ressortissant d’un pays accordant le même droit aux ressortissants français remplissant les mêmes conditions dans ce pays. Un nouveau chapitre à ouvrir avec l’Algerie où trois cent mille français vivent et travaillent.

Une partie de l’opinion française, hostile parce que sensible aux inégalités internationales auxquelles la France a pu être soumise, notamment dans les échanges commerciaux inégaux, modifierait sa position. La réciprocité explique que la mesure appliquée en Europe n’a pas posé de problème. La réciprocité peut jouer un rôle identique au niveau international.

Il appartient au centre droit démocratique que vous représentez d’innover ; un problème où vos traditions démocratiques peuvent symboliser d’autres perspectives d’unité nationale que le conflit potentiel prôné par une droite tristement décomplexée.

Veuillez agréer, Monsieur le Président,l’expression de mes sentiments respectueux.


Jacques Vigneron


PS : Il semble que les services du ministère des Affaires étrangères étudient cette extension des droits de l’homme au niveau de l’ONU. Pour mémoire, un des rares résultats de Rio 2012 est l’extension de la reconnaissance des droits de l’homme.

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