Monsieur Jean-Louis Borloo
Président de l’UDI
Assemblée Nationale
Paris, le 17 décembre 2012
Monsieur le
Président,
L’Union
Européenne a enrichi les droits et les devoirs de ses citoyens et citoyennes en
instaurant le droit de vote pour tous les résidents communautaires aux
élections locales des mairies. Cette extension n’a été possible qu’en
instaurant pour tous les pays européens concernés la réciprocité.
Demeure, pour
plusieurs pays, l’injustice pour les habitants non communautaires mais
répondant aux mêmes critères d’intégration dans la vie locale. Leur accorder un
droit de vote identique réduirait cette inégalité structurelle.
Néanmoins, une
partie importante de l’opinion est opposée à cette extension du droit à des
habitants qui assument les mêmes contraintes que les citoyens et les citoyennes
d’origine communautaire. Potentiellement, une telle différenciation renforce le
racisme anti-musulman et anti-noir puisque la majorité des pays exclus sont méditerranéens,
maghrébins et africains.
Face à une
opinion bloquée par ce qu’elle ressent, le rôle des politiques est de faire
évoluer celle-ci. La peine de mort a été abolie grâce au courage des députés
qui ont osé faire face à une opinion dont les sondages exprimaient une
opposition de plus de 60 %.
Jacques Chirac
a voté l’abolition de la peine de mort contre la majorité de son camp. Peut-on
espérer que 40 députés du centre droit aient l’opportunité de s’associer à
l’actuelle majorité parlementaire pour régler une fois pour toutes ce problème
en tenant compte que l’ouverture de ce droit nouveau implique un nouveau
devoir : dans un pays où l’abstention traduit le désespoir de nombre de
ses électeurs et électrices, l’appoint de forces vives serait positif.
A défaut de
cet engagement, la proposition à l’ONU de la France et, éventuellement, de
l’Union européenne d’ajouter à la déclaration des droits et des devoirs des
êtres humains ce nouveau droit et ce nouveau devoir de participer aux élections
des conseils municipaux répondraient à ce besoin de réduire les inégalités. Que
l’on pense aux enfants nés en France, qui acquerront probablement la
nationalité française à 18 ans et qui verront leurs parents sans aucun droit
démocratique en France.
On pourrait
même imaginer que le parlement français accorde ce droit de vote et de
participation à la vie locale à tout ressortissant d’un pays accordant le même
droit aux ressortissants français remplissant les mêmes conditions dans ce
pays. Un nouveau chapitre à ouvrir avec l’Algerie où trois cent mille français
vivent et travaillent.
Une partie de
l’opinion française, hostile parce que sensible aux inégalités internationales
auxquelles la France a pu être soumise, notamment dans les échanges commerciaux
inégaux, modifierait sa position. La réciprocité explique que la mesure
appliquée en Europe n’a pas posé de problème. La réciprocité peut jouer un rôle
identique au niveau international.
Il appartient
au centre droit démocratique que vous représentez d’innover ; un problème
où vos traditions démocratiques peuvent symboliser d’autres perspectives
d’unité nationale que le conflit potentiel prôné par une droite tristement
décomplexée.
Veuillez
agréer, Monsieur le Président,l’expression de mes sentiments respectueux.
Jacques
Vigneron
PS : Il semble que les
services du ministère des Affaires étrangères étudient cette extension des
droits de l’homme au niveau de l’ONU. Pour mémoire, un des rares résultats de
Rio 2012 est l’extension de la reconnaissance des droits de l’homme.
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