Un « bruit »
médiatique a fait état d’un avertissement du directeur de l’OMC mettant en
garde Monsieur Montebourg, ministre du Redressement productif, contre un
éventuel protectionnisme. Cette intervention nous semble à plusieurs titres
scandaleuses.
1.
Un haut fonctionnaire, par définition non élu, donc ne
jouissant pas d’une indépendance de parole, ne saurait émettre des jugements
sur l’action d’un ministre d’un pays sans respecter les procédures
internationales dont il relève. Il n’est pas statutairement un potentat qui
s’exprime sans référence aux modes de décision de l’organisme qu’il dirige. Son
intention résulte-t-elle d‘une décision de l’OMC ? Sinon qu’il se
taise ! La même question se pose pour des déclarations semblables des
commissaires européens.
2.
Pour beaucoup de Français, l’OMC est l’organisme qui
symbolise :
-
les échanges commerciaux inégaux qui ne respectent plus
la valeur du travail. Les produits ne représentent plus des échanges d’heures
de travail pour les produire et pour les acheter ;
-
les règles minimales des échanges commerciaux ne sont
pas respectées. Qu’a fait l’OMC face au non-respect par la Chine des
engagements qu’elle a pris pour être admise à l’OMC ?
-
dernièrement, les médias français ont affirmé que les
capteurs solaires photovoltaïques chinois auraient reçu un financement public
pour favoriser leur exportation. Cette aide à l’exportation de l’état chinois,
si elle est vérifiée, fera-t-elle l’objet d’une enquête officielle de
l’OMC ? Les prochains mois nous montreront si, une fois de plus, l’OMC
tolère la dissymétrie des relations entre la Chine et les pays européens.
3.
Les informations suivant lesquelles les inégalités en
Chine augmenteraient, « plus de pauvres encore plus pauvres », les
accidents du travail, notamment dans les mines de charbon par milliers chaque
année, amènent beaucoup de Français à considérer que la croissance en Chine qui
profite essentiellement à une classe d’ultra-riches et un peu à une classe moyenne
ne mérite aucun statut privilégié au niveau du commerce international. Faute
d’assurer des échanges commerciaux équitables et respectant les quatre
composantes du développement soutenable :
-
économie – finances
-
social – sociétal
-
environnement et bioculture
-
gouvernance
L’OMC perd sa raison d’être.
Face à la mondialisation des économies libérales, qui
privilégient l’addiction à l’argent, nombre de Français aimeraient une réelle
traçabilité de la gestion financière de l’OMC. La transparence qui peut résulter
de la traçabilité du fonctionnement est la garantie que l’OMC ne couvre pas des
conflits d’intérêt et des corruptions qui pourraient (le conditionnel pour
respecter la présomption d’innocence) expliquer le statut très particulier du
commerce international de certains pays.
Jacques Vigneron
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