Depuis le 6 mai 2012,
l’alternance démocratique en France est marquée par un paradoxe : à tous les
niveaux la gauche détient le pouvoir, de la présidence de la République à la
majorité des mairies des villes de plus de 30 000 habitants. Pourtant elle joue
la réconciliation et développe ce que le journal Challenges désigne sous le
terme de « SOFT POLITICS ».
L’émission « C dans
l’air » du lundi 31 juillet 2012, s'interrogeait sur les volontés et les
capacités présidentielle et gouvernementale de s’attaquer réellement aux
problématiques présentes, emploi et équilibre des finances publiques, au delà
de cette période d’écoute et de contact.
Premier effet de la
« soft politics » : la multiplication tous azimuths des
consultations, des commissions, des conférences a changé le climat politique :
le changement annoncé veut s’appuyer sur un changement du comportement de tous
les partenaires qui écoutent et se sentent écoutés. Le climat de guerre civile
froide (instauré peut être même inconsciemment appréciation au bénéfice du
doute par l’ancien président de la république a disparu), ce qui ne veut pas
dire une confiance aveugle, de la population à l’égard de la nouvelle majorité
politique.
Trois directions sont possibles :
La voie de l’économie de marché ultra
libérale, ultra financiarisée, a amplifié la dynamique des bulles instaurée par
le capitalisme depuis l’industrialisation de l’Angleterre au dix neuvième
siècle. Les «résidus» de ces crises financières et des compromis sociaux,
semi-périodiques se traduisaient par un enrichissement des ultra-riches liés à
l’oligarchie. Durant la période des trente glorieuses (1945-1975) en Europe,
cet enrichissement continu des ultra-riches s’était traduit par une
amélioration relative de la situation des classes moyennes, et des classes
populaires (période de quasi-plein-emploi). Après les trentes pleureuses où le
capitalisme s’est transformé en économie de marché et a maintenu aussi une
apparente croissance, par endettement des ménages, puis par endettement des
états : Quand l’endettement des états eut atteint ses limites; une des
caractéristiques de l’enrichissement considérable des ultra-riches fut l’accroissement
simultané des inégalités sociales, et du nombre des victimes de ces inégalités.
Plus de pauvres plus pauvres.
Nombre d’économistes, de
tous bords politiques s’étonnent et continuent à s’étonner que la situation des
exclus ne se traduise pas par des violences révolutionnaires.
On peut néanmoins admirer
que certains politiciens, commentateurs et/ou théoriciens universitaires
continuent à préconiser des dérèglementations systématiques, des diminutions et
des exonérations des impôts, des échanges commerciaux inégalitaires, la
disparition et/ou la privatisation des services publics, la diminution des
salaires et des retraites. A la paupérisation absolue des classes populaires,
et à la paupérisation relative des classes moyennes, l’ultra enrichissement
corrélé s’applique seulement à une partie des riches. C’est pourquoi le ratio
de la richesse et de la pauvreté n’a pas changé! Une partie des classes
moyennes a été atteinte par cette régression…
La social-démocratie à la
française a vécu depuis 1983 la contradiction d’accepter une économie de marché
qu’elle espérait pouvoir réguler, donc maitriser et maintenir simultanément son
idéal de défendre le monde du travail face à celui du capital et face à
l’impérialisme nord-américain. La mondialisation, n’ayant même pas respecté les
règles minimales qu’elle avait gardées, a montré l’inanité de cette voie.
En témoignent notamment:
· la
situation sociale et économique de l’Europe en 2012
· les luttes de
libération économique contre le FMI notamment, de l’Argentine, l’Equateur, de
la Bolivie et du Venezuela (réserves!)
· les échanges
commerciaux inégaux comme ceux entre l’Europe et la Chine qui semble-t-il ne
respecte aucun des engagements qu’elle a signés au moment de son adhésion à
l’O.M.C et au B.I.T.
· et plus
GLOBALEMENT, la situation internationale s’est concrétisée avec RIO 2012,
par l’éradication partielle des dictatures sanguinaires
mais aussi par l’incapacité onusienne à protéger le peuple syrien et à assurer
la protection démocratique des minorités dans de nombreux pays, le tout dans un
contexte généralisé de catastrophes environnementales et climatiques.
En 2012, la social
démocratie française a le courage de s’identifier en tant que telle, mais ce
réalisme, ne lui évitera pas de se positionner face aux problèmes suivants,
dont la recherche de solutions à court et moyen terme est sociétalement
incontournable (Finie l’illusion suivant laquelle les arrière petits enfants de
nos petits enfants connaitront le socialisme!);
1/ la pauvreté profonde : Huit millions
de personnes concernées, deux millions de jeunes en dessous du seuil de
pauvreté, plusieurs centaines de milliers de jeunes en état de santé
déficitaire (enquête UNICEF 2012) malgré le RMI puis le RSA,
on n’évitera pas une solution semblable à celle qui avait été préconisée par De
Villepin de créer un revenu minimum de 900 euros nets mensuels pour tout adulte
et de 400 euros pour tout mineur.
Coût 20 milliards d’euros supplémentaires par rapport aux coûts des
différents systèmes d’assistance et de solidarité existants qui se fondraient
dans ce nouveau dispositif. Ces 20 milliards d’euros ne seraient pas placés
dans les paradis fiscaux, mais dans la consommation des produits de nécessité.
La priorité accordée à la lutte contre la pauvreté s’étend au problème du
logement où les premières mesures prises par le gouvernement marquent un
tournant. Mais on est encore loin d’un plan de construction correspondant
aux millions (quatre ?) de personnes mal logées, ou insécurisées
(incendies etc.) ou tout simplement à la recherche d’un logement (les salariés
qui sont SDF !).
Après la deuxième guerre mondiale, un
grand plan de construction avait répondu partiellement aux besoins. Pourquoi un
plan de construction d’une semblable ampleur n’est-il pas possible avec
l’épargne considérable des Français en 2012.
2/ le plein emploi, et/ou la pleine activité
qui donne à chacun et à chacune une fonction dans la société ne peut s’obtenir
par un retour à la croissance et une ré industrialisation du pays. Quelle
croissance, et pendant combien d’années pour réintégrer les 3 millions de
chômeurs et les chômeurs à temps partiel.
La seule réponse censée est celle avancée par
Michel Rocard: le partage du travail et des activités, notamment en descendant
aux 32 heures. Dans le système actuel, au delà de la souffrance imposée au
statut de membres de l’ARMEE industrielle de réserve, attendre le retour d’une
croissance est une illusion.
L’expérience des 35 heures, montre que cette
loi sociétale de partage du temps de travail à l’ensemble est très difficile
voire impossible dans une économie libérale de marché, qui encourage
l’addiction à l’argent, à son accumulation et à la productivité sélective des
individus. Le refus de partager les fruits des productions est le corollaire du
refus de partager les activités et le temps de travail. Bien entendu, les erreurs à ne pas commettre sont :
-le partage des activités, et du temps de travail résultant d’une loi, uniforme pour
tous les secteurs professionnels, et sans négociation avec ceux-ci
- la même durée du temps de travail serait
attribuée quel que soit l’âge, le secteur professionnel, l’avancement dans la
carrière, la structure d’entreprise.
- les mêmes charges sociales et fiscales pour toutes les heures de
travail
Au contraire, du système précédent (2007-2012) les heures
supplémentaires doivent être normalement plus chargées que les heures normales.
Pour mémoire le système
précédent d’alléger ou de supprimer les charges sociales ont soit crée un effet
d’aubaine : augmentation déguisée des salaires soit empêché la création de
plusieurs centaines de milliers d’emplois.
3/ la transition énergétique constituera une
première, car le profit a trahi les lois de la physique, dont le respect aurait
optimisé la consommation énergétique. Ce qui explique la non rationalité de
l’émergence économique des différentes ressources énergétiques en fonction de
leur rentabilité. Le «tout électrique», imposé pour justifier le maximum de
centrales nucléaires ne correspond pas aux minima qui peuvent être obtenus en:
(liste non exhaustive)
3.1/ diversifiant
localement les sources et les consommations énergétiques utilisant la chaleur
perdue des centrales électriques en cogénération et/ou en trigénération comme
dans les incinérateurs. En France, cette chaleur perdue (cf le second principe
de la thermodynamique) représente l’équivalent de 0,2%de la contribution à
l'effet de serre. Cette récupération de la chaleur perdue dans la production
d’électricité est un corollaire de la politique d’économie d’énergie dans les
habitats (30% de la consommation globale d’énergie).
3.2/ récupérant
les énergies renouvelables : le solaire (chaleur et électricité), les
éoliens terrestre et marin, l’hydroélectrique (rivières et mer), différents
process de valorisation de la biomasse (bois, méthane, déchets, etc.) flux et
gradients thermiques marins etc.
3.3/ modifiant les
mobilités intra et inter urbaines, et en recentrant l’aménagement des villes
pour rapprocher habitat, emploi, loisirs et magasins : un immense chantier pour
assurer le plein habitat. Le déficit du commerce extérieur correspond aux
achats des produits pétroliers.
3.4/ recyclant les
matériaux lourds ou/et couteux énergétiquement comme l’acier, l’aluminium, les
aciers spéciaux.
4/ Pour s’attaquer aux différentes addictions
et assurer les conditions du bien être individuel, l’état doit systématiquement
contrôler la production, la gestion et la consommation des drogues. La
légalisation ne prend son sens que si la production est contrôlée voir assurée
par l’état, et n’enrichit pas un pouvoir mafieux.
5/ Pour répondre aux aspirations populaires, il
est nécessaire d’ajouter et de créer de nouvelles gouvernances ou/et de
nouvelles participations aux gouvernances existantes (ex salariés représentés
dans les conseils d’administration). Les individus doivent pouvoir exprimer
leurs demandes spécifiques. Les dictatures technico-financières, et
technico-administratives créent une offre qui impose des besoins nouveaux dont
la justification est le profit et non le bien être individuel. Ces dictatures
sociétales doivent être combattues et éradiquées. La monopolisation des
semences, par une directive de Bruxelles illustre ce type de dictature.
6/ La nationalisation totale des systèmes
financiers ou/et l’extension des systèmes mutualistes constituent un élément
décisif du changement face au fiasco de la finance ultalibérale et au cynisme
de leurs dirigeants qui se sont attribués une partie des fonds des états donnés
pour leur éviter les dépôts de bilan. L’utilisation des finances publiques ne
peut se prolonger sans au minimum un partage et un contrôle absolu de leur
usage du pouvoir financier. Il faut entendre les ultra-libéraux concéder une
nationalisation partielle et temporelle, pour justifier l’aide des états. La
limitation des revenus des dirigeants à vingt fois celui des plus bas salaires
est une condition de stabilité sociétale (public et privé). Le mythe de la
rareté des dirigeants susceptibles d’exercer la fonction de PDG des grands
groupes s’évanouit si on considère les armadas de dirigeants des grands groupes
internationaux. Les meilleurs résultats n’ont pas toujours été obtenus par les
mieux payés. Ceux-ci n’ont pas toujours évité les échecs. La méritocratie
exceptionnelle invoquée pour des rémunérations annuelles de millions d’euros
est une injure à tous les salariés qui effectuent avec efficacité leur travail,
certains d’entre eux devant se contenter d’un salaire au niveau du SMIC, durant
toute leur vie professionnelle !
7/ Le paiement des dettes des états doit être
modulé des facteurs suivants :
1- les
vielles dettes ont été en partie, voire en totalité remboursées par les
intérêts payés pendant plusieurs décennies (comme des prêts revolving
bloqués !)
2- un étalement des
remboursements en fonction du temps à des taux raisonnables (donc renégociés)
tenant compte des capacités réelles de celui-ci
3- compatibilité avec une
politique de maintien, voire de réévaluation régulière des salaires et des
retraites.
8/ La moralisation de la vie politique est devenue une nécessité
incontournable ; la séparation de la vie politique et du monde de l’argent
est devenue une nécessité également incontournable ; la séparation
de la vie politique et du monde de l’argent est devenue une nécessité pour la
dignité de tous. La moralisation de la vie citoyenne en est l corollaire. La
nationalité française, et les incontestables avantages qu’elle procure implique
la solidarité fiscale. Quand l’addiction à l’argent l’emporte sur l’adhésion à
la communauté nationale, la perte de cette nationalité et des avantages qui lui
sont associés, au moins à titre provisoire s’impose.
9/ Le développement soutenable ne peut se réaliser au niveau
international en poursuivant la méthode qui privilégie la recherche d’un
consensus intentionnel au détriment d’engagements précis localisés,
programmés, financés et bénéficiant d’un contrôle indépendant.
Rio 1992, Rio 2012, Rio moins vingt suivant l’appréciation
d’organisation de jeunes, Rio 2012 un nouveau Münich, suivant
l’appréciation d’un professeur de Science Po Paris sonnent le glas d’une
politique onusienne, où les consensus ont maintenu les stratégies des lobbys
industriels et financiers. Les facteurs limitants des deux Grenelle de
l’environnement illustrent la perversité de ces consensus mous. Les
agriculteurs continueront à faire les frais sanitaires des compromis sur les pesticides,
et autres produits phytosanitaires, les poissons à disparaître.
Au contraire de cette pratique désastreuse pour l’environnement,
en absence de croissance sélective, le développement soutenable doit d’appuyer
sur des engagements réunissant des partenaires et concernant les quatre
composantes économie – finance, social – sociétal, environnement -
culture et gouvernance.
Croissance et investissement doivent être sélectionnés :
multiplier à l’infini les autoroutes, bétonner les rivages ne correspond pas à
un développement soutenable, maitriser les inondations, dépolluer les fleuves,
nettoyer les estuaires, dépolluer le milieu marin, démonter les centrales
nucléaires obsolètes constituent des grands travaux durables et non délocalisables.
Le développement soutenable ne se réduit pas à sa composante environnementale.
Néanmoins le changement de société implique d’anticiper les évolutions
climatiques et la sixième extinction des espèces.
La prise en compte de l’environnement implique et suppose un autre
type d’économie respectueux du bien être individuel et donnant priorité dans
une période transitoire à la prise en compte des besoins essentiels des plus
démunis. Le « green washing », l’économie verte ont fait long feu.
10/ La disparition des niches fiscales à finalités
individuelles : celles-ci constituent une rupture avec le principe
constitutionnel suivant lequel chacun doit contribuer en fonction de ses
ressources. Ce qui implique les mêmes grilles d’impôts sur les différents
revenus, du capital, du patrimoine et du travail.
En conclusion
Cette série de « dix commandements » pourra paraître
radicale. Elle l’est en effet et se justifie par la mondialisation qui offre de
fantastiques potentialités mais dont l’utilisation frauduleuse et inégalitaire
crée les pires déséquilibres économiques, financiers, sociétaux et
environnementaux.
Il est illusoire à notre point de vue de croire que la
social-démocratie sera capable de réaliser totalement cette série d’objectifs,
dont ces dirigeants sont certainement conscients, du moins si on en croit
certains d’entre eux (cf Michel Rocard, et les 32 heures, Michel Baylet et la
légalisation des drogues etc.)
Mais la social démocratie actuellement au pouvoir est capable de
marquer un coup d’arrêt à la crise généralisée qui s’annonce, notamment en
maintenant à la tête de l’état des valeurs et des actes de justice sociale.
Sur certains objectifs, la sociale démocratie va conscientiser le
peuple, sur d’autres faire des avancées, et parfois des parfois des avancées
décisives.
La « soft politics » a au moins le mérite de distinguer
les progrès partiels possibles immédiatement des besoins globaux des
populations.
Non malgré
Rio 2012, le développement soutenable n’est pas mort. Il demeure la raison de
nos combats.
Définition du développement durable par le rapport
Brundtland (1987)
Le développement soutenable est un développement qui répond aux
besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à
répondre aux leurs.
Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de
"besoin", et plus particulièrement des besoins essentiels des plus
démunis, à qui il convient d'accorder la plus grande priorité, et l'idée des
limitations que l'état de nos techniques et de notre organisation sociale imposent
sur la capacité de l'environnement à répondre aux besoins actuels et à venir.
RIO 2012 un nouveau MUNICH (30 septembre 1938)
Quelques
explications pour comprendre cette référence attribuer au fiasco de RIO 2012
.
Pour les générations ayant eu 20 ans
avant 1981 Munich 1938 concerne l’événement où un premier ministre britannique,
et un président du conseil français ont livré à Hitler, en présence de
Mussolini, la possibilité d’envahir sans risque, la jeune république tchécoslovaque.
L’occupation partielle des régions montagneuses par les SS (Allemands)
neutralisait les fortifications constituées pour rendre impossible l’envahissement
de la Tchécoslovaquie.
Envahissement
que Hitler réalise quelques mois plus tard, et quelques mois avant d’envahir la
Pologne. Ce qui amena l’Angleterre et la France à tenir trop tard leurs
engagements en déclarant la guerre à l’Allemagne.
L’histoire a jugé d’une manière quasi unanime
la lâcheté et la pusillanimité des deux dirigeants anglais et français.
Ceux-ci,
au retour sur Paris et sur Londres craignaient d’être lynchés par la foule qui
les attendait aux aéroports. Divine surprise, au lieu des tomates attendues,
une foule reçoit au Bourget le président du conseil sous les vivats. Il a sauvé
la paix, et évité la guerre que l’opinion
pacifiste voulait éviter à n’importe quel prix.
Si Munich 1938 est une date historique, deux
autres drames sont associés à Munich. Le massacre des sportifs israéliens aux
jeux olympiques, et la prise des ministres de l’OPEP comme otages par des
terroristes dirigé par un certain CARLOS. Celui-ci termine sa vie dans une
prison française. Sans compter un coup d’état raté en 1920 Hitler fut incarcéré
et eut le temps d’écrire mein kampf. A part ces souvenirs lourds de conséquences
néfastes, Munich reconstruite est une merveilleuse capitale de la Bavière.
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